Convention des clubs australiens

Alors que certains ont le bonheur de participer à la convention EDG à Lyon, à 18 000 kilomètres de là, j’assistais à la Convention Annuelle de l’Association des Clubs Australiens qui s’est tenue du 16 au 19 mai à Adelaïde.

Cette année, le club organisateur était le nôtre (c’est un peu pour cette raison que je fais de la pub) ; j’ai donc pu voir de près les dessus et les dessous de cette convention qui, de l’avis de tous, était une belle réussite. Je vous en fais donc un compte rendu en espérant entrouvrir une fenêtre sur le bonsaï des antipodes, à mon avis trop méconnu (texte d’abord, suivi de quelques photos).

Contrairement à l’habitude, il avait été décidé par le comité organisateur qu’il n’y aurait pas de démonstrateur international à la Convention de 2008. Maître Kimura avait été l’invité d’honneur à la convention de Sydney; alors que l’année dernière Marco Invernezzi (Italie) partageait la tête d’affiche avec Michael Persiano (USA) à Melbourne. Cette année, la Convention se déroulerait entre Australiens (plus un Français, bien sûr). Je dois avouer que cette décision m’a d’autant plus contrarié, que je caressais l’espoir de proposer d’inviter une personnalité du monde du bonsaï francophone.

La conférence s’est déroulée dans un joli cadre. Ce n’était peut-être pas Versailles (j’y étais), ni même la Tête d’Or (je n’y étais pas, mais j’en ai vu des photos), néanmoins, les organisateurs avaient choisi un hall d’exposition-restaurant qui se trouvait à l’orée d’un joli parc aux couleurs de l’automne austral. Une sorte de grande antichambre servait d’espace d’exposition à une centaine de bonsaïs appartenant aux membres de notre club. La salle principale faisait office d’espace démonstration pour un public select de 120 à 130 personnes venues de tous les coins d’Australie et de Nouvelle-Zélande (entrée payante). Dorothy Koreshoff, la « mère » du bonsaï australien, était de la partie.

Les discours d’ouvertures terminés, nous sommes entrés dans le vif du sujet avec les démonstrations simultanées de trois experts d’Adelaïde: Trevor Morrison, Brian Osborn (le président de notre club) et Andrew Ward. Trevor Morrison avait préalablement préparé une énorme lauze en ciment qui lui a servi de support à une une forêt de jeunes oliviers locaux.

Après le morning tea d’usage, nous avons eu le plaisir de voir Tony Bebb (prononcez [bèb]) œuvrer sur un genévrier de jardin sans prétention qu’il a très habilement transformé en un arbre très compact dans un style semi-cascade. Tony Bebb, de l’avis de beaucoup, est l’un des meilleurs bonsai artists australiens. Tony a débuté alors qu’il était adolescent, sous l’œil expert de son père, Lindsay Bebb (lui aussi un grand), propriétaire d’une pépinière spécialisée à Brisbane. Les antécédents de Tony Bebb et les 20 dernières années passées à enseigner et à faire des démonstrations, expliquent la vision extraordinaire qu’il a du bonsaï ainsi qu’une présence scénique hors paire. Il montre, explique, raconte, et répond aux questions de son auditoire avec une aisance déconcertante. Bref, c’est un surdoué du bonsaï, qui gagne vraiment à être connu (d’ailleurs, j’aimerais vous le présenter plus en détail dans un prochain post).

La démonstration de Tony a été suivie par celle de Mick Balzary, un spécialiste australien des pins. Mick Balzary, c’est la voie de la sagesse et de l’expérience. La forêt de pins sur laquelle il travaille lui inspire mille et une anecdotes, des fables japonaises et même des poèmes. Il nous a raconté, par exemple, qu’un jour un grand maître japonais (Kimura, me semble-t-il) visitant son jardin, à voulu lui acheter un très beau pin. Mick a refusé poliment, disant que, malgré l’honneur que lui faisait le maître, il était très attaché à cet arbre. Le maître japonais a compris et n’a pas insisté. Plusieurs mois plus tard, le pin était mort … Ceci a fait dire à Mick, sur le ton de la plaisanterie, qu’il aurait mieux fait de vendre l’arbre au maître japonais !

La première journée s’est terminée par la démonstration de notre Janet Sabey locale (tout de même démonstratrice de plus haut niveau, à l’instar de Bebb et Balzary) qui nous a livrée les secrets de ce qu’on appelle ici le Jade Tree (ou Crassula). Janet Sabey est l’âme de notre club dont elle est membre, soulignons-le, depuis plus de 40 ans.

Le programme de la deuxième journée s’est avéré tout aussi passionnant que celui de la première. Tony Bebb a fait une démonstration sur un yamadori, un bel olivier à un stage avancé de formation, que Tony a sérieusement raccourci et ébranché afin de le rendre plus simple et bien plus crédible, à mon avis.

La dernière session, laconiquement intitulée « the Three Amigos » nous réservait une surprise. Nous avons vu débarquer sur scène trois énergumènes vêtus de ponchos orange et coiffés d’énormes sombreros qui leur cachaient le visage. Nos trois bonshommes n’étaient autres que Lee Wilson, John Marsh and Lindsay Bebb, trois sommités australiennes qui nous ont bien fait rire tant ils jouaient bien leur rôle de Mexicanos. Chaque compère s’est affairé à créer un paysage (bosquet de plaine, arbres flanc de montagne, arbres battus par les vents en bord de mer). Les trois scènes ont été rassemblées à la fin de la séance pour former un tableau unique très spectaculaire de plus de trois mètres de long.

Ainsi s’est achevée la 21eme conférence nationale, entre amis et dans la bonne humeur. Les prix ont été remis aux plus méritants et la torche a été passée aux organisateurs de la 22eme convention. Nous nous sommes séparés un peu tristes, mais la tête plein de rêves, nous promettant de nous retrouver à la prochaine convention. Alors, si par hasard vous vous trouvez à Brisbane du 22 au 25 mai 2009, il y a un rendez-vous à ne pas manquer. Bill Valavanis (USA) y sera l’invité d’honneur.

PS J'ai oublie de dire que les membres de la convention ont eu le plaisir de passer une demi-journée a prélever des oliviers dans les hauteurs d'Adelaide (excursion comprises dans le forfait). Certains sont repartis avec de tres belles pieces. De quoi bien rentabiliser les frais de la convention!

L'assistance: sage et attentive


Tony Bebb en plein action


Janet Sabey montrant comment former des racines sur un crassula


Olivier de Janet Sabey: classique

Intéressants et trés bien écrit ton reportage

C'est super d'avoir des reportages de convention hors-frontières, en plus aux antipodes...

On voit qu'il y a des amateurs en Australie !
L'olivier a une belle souche.

Merci Alain .

Tu as remarque que cette fois-ci, j'ai mis les accents...

J'ai malheureusement perdu une grande partie des photos prises pendant la convention; les plus intéressantes bien sur (sal..perie d'APN!!)

Pour les accents j'ai le même problème que toi, clavier QWERTY (j'ai acheté mon portable en Espagne)

Pour en revenir à l'olivier, il a une forme originale. Les branches forment des plateaux, peut-être qu'en Australie ils ont une façon différente de travailler leurs arbres.

Les oliviers sont souvent formes comme ca, a la conifère, mais pas tous. Je fais des expériences naturalistes sur quelques oliviers. Il est encore trop tot pour voir ce que ca va donner.
Les oliviers sont souvent formes comme ca, a la conifère, mais pas tous. Je fais des expériences naturalistes sur quelques oliviers. Il est encore trop tot pour voir ce que ca va donner.

En fait, Alain, j'ai pris des gros plans de ramification de branches d'oliviers. Certains ont 20-25 ans de travail. Je pensais qu'il serait intéressant et instructif d'analyser les caractéristiques d'une branche qui a évolue sur une longue période. Malheureusement, se trouvent stockées sur un CD rom que je n'arrive pas a lire...

Les Trois Amigos et leur création. Je trouve le concept intéressant: on prend 3 personnes et on leur demande de travailler en parallèle sur une partie du paysage qui sera rassemblé a la fin de la séance.

D'autres oliviers...

Un crassula:

On dit souvent que le crassula n'est pas un arbre...

Celui là oui, absolument.

Tiens, Monique, voici Janet Sabey, la proprietaire, avec un autre crassula. Pas mal non plus celui-la...

whaou,ils sont magnifiques et leurs troncs ENORMES,

bah j'ai du boulot et des années devant moi avant que le mien(6/8mm de diametre) en arrive la,

fab

Les australiens ont un climat plus propice que le notre aux crassula. Ca fait quand même plaisir d'en voir de cette qualité.

Merci Eric.

Il est relativement aise d'obtenir des racines comme celles que vous voyez sur les deux dernières photos. Voici comment nous procédons au debut de l'ete:

- Comme les crassula se trouvent dans de nombreux jardins, il est facile de se procurer une branche avec mouvement et conicité.

- Débarrasser la branche, qui servira de tronc, de toute branche secondaire mal placée.

- (la, je vous livre le secret de Janet Sabey...) A la base du tronc, faire des incisions verticales de 5 a 10 cm de long tous les 5 mm, en faisant tout le tour du tronc. Faire une profonde incision horizontale faisant le tour du tronc, juste au dessus de l'endroit ou commencent les incisions verticales.

- Laisser sécher hors terre, a l'air libre de 1 a 4 semaines selon la taille du tronc.

- Empoter dans un mélange drainant a base de gravier/ pouzzolane/ gros sable, ou autre.

- Dépoter apres un an. De belles racines se seront développées.

Attention a l'excès d'humidité qui peut faire pourrir les racines.

le crassula est tres simple de bouture juste avec une feuille,
mais je pensais pas qu'on pouvait faire de meme avec une branche.

Pour exemple de facile avec une feuille
l'autre fois je déplace le pot de ma crassula,et deux feuilles tombe,je les ramasse et negligement je les pose sur un meuble,
trois jours apres elo en ayant marre de les voir et en faisant le ménage , prend les feuilles et les jettes( ) dans son pot avec ses tamayas,et bien aujourd'hui,donc 3 ojurs encores apres les feuilles ont sortient de belles radicelles.
Je verrai bien comment ça evolue maintenant,
fab

Au niveau des oliviers, les spécialistes sont bien sûr les Italiens et les Espagnols.
Les Japonais et les chinois ne les travaillent pas, il n'y en a pas chez eux.

C'est peut-être pour cela qu'en Australie ils ont tendance à travailler les oliviers comme des conifères.

Eric, il faut que tu deviennes le spécialiste australien de l'olivier. Montre leur les oliviers bonsai méditérranéens !

C'est bien mon intention, Alain. Ce n'est pas facile. Quelquefois, je me sens incompris

Fab, il n'y a rien de plus simple. J'ai vu un vieux crassula jeté au bord d'un chemin, tronc sectionnée a la base, continuer a survivre pendant deux/trois mois...

Merci pour ce reportage,en effet ce sont de bien belles crassulas.
Pour les oliviers,je dirais que chez nous aussi,il ont tendence à être formés comme des conifères,c'est un peu le problème de l'azalée aussi.

Sinon,je n'avais jamais vu de pot disposé sur 4 petites tablettes,ça fait bizzare.

ah ouais 2/3 mois

Va falloir qu' mon prochain voyage en espagne,
que je me trouve un sujet assez gros,car en france,des que ça depasse 10cm c'est hors de prix.

Je rejoins alain,pour dire que leurs oliviers sont beaux,mais que leurs formes ne font pas du tout naturel .
bon courage pour leur faire comprendre qu'un olivier n'est pas comme ça dans la nature!!!


fab

Concernant les tablettes (ou les repose-pieds), je n'a pas remarque. C'est la première fois que je vois une telle disposition. Il faudra que je pose la question a la propriétaire de l'arbre.

Pour ce qui est de la forme des oliviers, il faut quand même savoir que ces arbres ont ete preleves et formes il y a de nombreuses années, a une époque ou le style naturaliste, s'il existait, n'était pas connu ici. Dans les années, ce n'est qu'a partir des années 80 que livres et magazines ont commence a arriver en Australie. Ces oliviers sont tout de même tres beaux, meme s'ils sont formes comme des pins. Ils sont le produit d'une époque et d'une tendance. Ils sont donc pour nous historiquement importants. Ceci dit, on commence a voir oliviers aux formes plus libres.

Et il y a aussi les Français qui font de beaux oliviers avec Jean François Busquet comme chef de file.... (je pense que les Français maitrisent l'olivier aussi bien que les autres amis )

Et les Américains qui sont pas mal...

Quant aux styles, on est en bonsaï, et on a certaines possibilités autre que le naturalistic.? Non ?

Bonjour Michel! Bien sur que les Italiens et les Espagnols n'ont pas l'apanage de l'olivier en bonsai. Et j'ai vu des oliviers californiens tres enviables.

Bien sur aussi qu'on peut tres bien faire autre chose que le "naturalisme" (que j'aimerais bien qu'on me definisse un jour). On fait du bonsai comme on le ressent.

Il y a quand même des styles qui correpondent mieux à l'olivier, qui mettent d'avantage l'arbre et la composition en valeur.

Le problème est que les japonais (qui sont les maitres dans cet art) ne cultivent pas d'oliviers, donc ils n'ont rien à proposer comme style. A partir de là chacun interprète comme il veut.

Peter va nous proposer un olivier en lettré...
Dans la nature on en recontre pas souvent, c'est sûr. Mais pourquoi pas ?

... et les Français aussi font de tres beaux oliviers. Par, exemple, ceux de Maitre Michel ont un style sacalien (qu'il ne faut pas confondre avec naturaliste) que j'aime particulièrement .

Il y a quand même des styles qui correspondent mieux à l'olivier, qui mettent d'avantage l'arbre et la composition en valeur.

Même si j'ai tendance a partager ton avis sur cette question, j'en connais ici qui te diraient que non. La preuve, l'un des olivier présentés plus haut a gagné un prix (mes piètres photos ne les mettent pas du tout en valeur...)

Les oliviers sacaliens...

Je dirais que l'olivier n'est pas un arbre comme les autres et qu'ils collent à la personnalité de certains hommes.

Je ne connais pas suffisamment JF Busquet (à mon grand regret) pour l'affirmer pour lui mais en ce qui concerne Michel, oui.

C'est un arbre mythique, puissant et généreux, qui résiste et repart après des grands gels et qui résiste à la sécheresse, qui repart même sans racines. Il symbolise aussi la paix la sagesse et la fidélité.

Un arbre courageux, ramassé sur lui même, tout couturé avec l'âge mais qui garde toujours du panache.

Les oliviers sacaliens...

On pourrait écrire pratiquement un bouquin rien que là dessus.