Eau, saule, et...mioooooo : Willow Water

Bonjour, j'ai trouvé un article qui m'a vivement intéressé sur le site de Harry Harrington.
Comme je sais que vous êtes un certain nombre à ne comprendre la langue de Mr Bean que de façon imparfaite, je vous ai fait une petite traduction, avec l'autorisation de son auteur.
Après les feuilles de nem, voici l'eau de saule :

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Willow Water : l’eau de saule

L’hiver dernier j’ai décidé de tester les effets d’une technique dont j’avais entendu parler mais que je n’avais jamais vraiment le temps d’utiliser avant. Cette technique implique de placer des boutures de saule dans de l’eau pendant un certain nombre de semaines pour produire un liquide susceptible de favoriser l’enracinement et réduire le stress sur des arbres affaiblis. Elle est connue pour avoir été utilisée comme méthode de propagation avant que les hormones de bouturage disponibles dans le commerce soient mises au point.

On sait depuis longtemps que le saule s’enracine facilement : des boutures de branches de 12 à 15 cm de grosseur peuvent être prélevées à n’importe quelle période de l’année, placée dans de l’eau pure et prendront racine en quelques semaines. Il est inutile d’utiliser de l’hormone de bouturage à la partie coupée, pourtant elles produiront pratiquement toutes des racines.

Cette technique simple implique d’utiliser l’eau qui reste de ce processus de bouturage (Eau de saule) pour favoriser un enracinement plus fort en l’utilisant pour arroser des boutures, des marcottes, des yamadori (arbres prélevés) et les arbres faibles avec des systèmes racinaires déficients.

Derrière « l’eau de saule », la théorie

Beaucoup de gens utilisent depuis longtemps de l’aspirine pour prolonger la tenue en vase des fleurs coupées et pour augmenter le taux de reprise des boutures. L’aspirine est un anti-coagulant naturel, ce qui signifie qu’elle ralentit ou arrête les processus par lesquels les fluides sont transformés à l’état solide ou figés. Certains connaissent peut-être aussi l’aspirine pour ses propriétés de fluidifiant sanguin. Il semblerait que l’aspirine ait un effet similaire sur les plantes, en réduisant la capacité de la plante à cicatriser la partie endommagée/coupée d’une bouture ou d’une racine et en facilitant ses capacités à absorber l’eau, nourrissant ainsi la plante elle-même pendant sa cicatrisation.

Il est intéressant de noter que l’aspirine est un dérivé de l’acide salicylique, produit que l’on trouve à l’état naturel dans l’écorce de saule ! Il est possible que d’autres composants chimiques ou d’autres hormones entrent dans jeu pour favoriser l’enracinement, mais l’acide salicylique semble en être la cause principale.

Il a été prouvé que l’acide salicylique influe sur le blocage de la réaction à une blessure et sur l’effet de l’abscissine . L’abscissine est une hormone de réaction au stress produite par toutes les plantes en réponse à une blessure ou une maladie. Elle induit une fermeture rapide des stomates de la plante et le « verrouillage » des parties blessées de la plante.

Et voilà la boucle bouclée, les boutures de saule dégagent des composants chimiques dans l’eau, cela facilite leur capacité à absorber l’eau et à faire des racines. Cette eau est maintenant à notre disposition pour favoriser l’enracinement sur d’autres plantes !

Et ça marche ?

Toujours sceptique, j’ai placé 50 brindilles provenant de la taille d’un salix purpurea (saule pourpre ou osier rouge) dans un seau d’eau, et je les y ai laissées 4 semaines. Alors que les boutures commençaient à germer (toutes, sans exception) j’ai remarqué que l’eau avait pris un peu la consistance d’un gel. L’eau laissait aussi sur mes doigts un résidu glissant.

Les parties du saule qui étaient sous l’eau semblaient aussi être enrobées d’un gel transparent, particulièrement autour de la région de la surface de coupe à la base.

J’ai utilisé la solution pour arroser des aubépines et des chênes collectés cet hiver. Sur plus de 20 yamadori, je n’en ai pour l’instant perdu que deux, mon meilleur taux de succès jusqu’à présent. Les arbres ayant survécu semblent aussi être plus forts et plus vigoureux que les années précédentes.

Cela peut bien sûr être attribué à un ensemble d’autres facteurs, peut-être mon expérience en matière de prélèvements s’est-elle améliorée, le meilleur taux de succès est peut-être dû à de meilleurs soins, un mélange mieux approprié, ou peut-être le climat cet hiver était-il plus propice à des prélèvements réussis.

Néanmoins, mon opinion a changé maintenant que j’ai utilisé « l’eau de saule » sur des marcottes aériennes. Chaque été depuis six ans, je prend religieusement des marcottes d’un acer palmatum qui pousse dans mon jardin. L’enracinement est toujours de 100% et je peux toujours juger avec précision quand les racines commenceront à apparaître sur la marcotte (7 semaines pour des branches d’un peu moins de 1,5 cm, 5 semaines sur des branches de 2,5 cm et plus). Cette année, j’ai utilisé de l’eau de saule pour imbiber la mousse de sphaigne avant le marcottage et ensuite pour la maintenir humide. La pousse des racines a été avancé d’au moins une semaine dans tous les cas et a été beaucoup plus vigoureuse, si bien que les marcottes ont été retirées du pied-mère plus tôt.

La production de racines semble aussi avoir été plus prolifique et vigoureuse sur un prunus incisa et une aubépine qui ont aussi été marcottés cette année.

Ma seule réserve est que l’enracinement s’est fait sur une zone plus large de la marcotte au lieu d’être localisée sur la zone de coupe elle-même. Cela signifie un nebari plus inégal dans le futur si on n’enlève pas très tôt ces racines placées plus haut.

L’eau de saule que j’ai utilisée pour ces marcottes a été faite à partir de boutures de salix babylonica (saule pleureur), et de salix caprea (saule marsault). Il semblerait que la variété de saule utilisée n’aie guère d’importance. J’en tire la conclusion que la « force » du mélange dépend entièrement du nombre et de la grosseur des branches de saule par rapport au volume d’eau utilisé.

Questions liées à l’acidité de l’eau de saule

Une solution (très concentrée) d’acide salicylique « pur » a un pH de 2,4 si elle est en solution aqueuse totalement saturée. Ce taux d’acidité serait dommageable à toute forme de vie. Cependant, la quantité d’acide salicylique dans une solution-type d’eau de saule ne peut pas changer le pH de l’eau employée au départ.

Conclusion

Je ne peux pas fournir de preuve scientifique ou irréfutable que l’eau de saule favorise l’enracinement des plantes, mais seulement des constats « anecdotiques ». Il me semblerait que l’eau de saule accroisse la capacité des plantes (les arbres) à s’enraciner et qu’elle ait fait augmenter mes taux de succès.
Néanmoins, je doute que ce soit une préparation magique pour l’enracinement : l’eau de saule augmentera seulement la capacité d’enracinement d’une plante seulement si les autres précautions et techniques de soin sont d’abord appliquées. Si une bouture ou une marcotte n’est pas faite correctement ou en dehors de la bonne période, l’utilisation de l’eau de saule n’aura, malgré tout, pas suffisamment d’impact pour que la plante produise des racines.

Traduit de l’anglais - Titre original : « Willow Water » par Harry Harrington, Source : http://www.bonsai4me.com/AdvTech/ATwillow%20water.html

Et comme a écrit Harry :

"I hope it is of use to you. ;-)"

Alain

Sympas, mais j'aurais bien aimé une comparaison avec une solution aspirinée

C'est une formule à tester.

Surtout pour les cultivars d'érable qui ont une grosse proportion d'échec.

On pourrait même le faire avec des échantillons différents.

Bouturage normal
bouturage avec l'eau de saule
bouturage avec de l'eau additionnée d'acide acétylsalicylique qu'on a eu la bonne idée d'appeler aspirine.

Et voir ce que ça donne. Un bon sujet d'émulation pour les boutures de l'année prochaine.

En tout cas, c'est aimable de la part de Monsieur Harrington d'avoir accepté la traduction et c'est sympa d' l'avoir faite et demandée.

Merci Alain.

Steph a écrit:

Sympas, mais j'aurais bien aimé une comparaison avec une solution aspirinée

Je ne sais pas si ça a une importance capitale, mais le saule produit de l'acide salicykique, l'aspirine est de l'acide acétylsalicylique.

Il y a un fil sur BonsaiTALK très complet dessus (voir ici : Willow ).

J'y ai appris des tas de choses, notamment que le nom était à l'origine une marque déposée, formé à partir de acetyl + spirea puisqu'on trouve le même composant dans les spirées.

Voir aussi pour les passionnés en bas de la page 2 des diagrammes comparatifs entre une hormone végétale (l'auxine) et l'acide salicylique (sur un doc trouvé via Google : "L'un des effets organogènes le plus marquant de l'auxine est son pouvoir rhizogène : appliquée à de concentrations assez fortes, l'auxine provoque l'apparition de racines.")

Il ne me reste plus qu'à commander le coffret du petit chimiste pour Noël :rendeer:

Alain

Pour libérer de l'auxine on utilise aussi des graines d'avoine glissées dans une incision.

On obtient ainsi plus de racines.

Bon à savoit quand on doit refaire un pain racinaire.

J'adore vos trucs "nature". Ça m'éclaire sur une expérience que je n'ai pas pu renouveler:
J'avais mis des branches de saule (Chrysosalix?? ou queq choz comme ça) couleur jaune avec des branche de cornus alba (?? les branches étaient rouges) dans un vase pour soutenir un arrangement floral.
Bref, les branches de saule ont raciné immédiatement (pas de surprise, je savais), mais le cornus aussi, ça je ne savais pas. Comme c'était en décembre et que la place fait cruellement défaut, les branches sont allées enrichir le composteur.
AU printemps, j'ai taillé des branches de cornus pour bouturer, et là, RIEN. Comme au printemps le boulot nemanque pas, le composteur s'en est fait une joie.

Est-ce que le cornus a raciné spontanément en décembre grâce au saule ou c'est sa nature?

Mameme a écrit:

Si j'avais su, je me serais rasé avant de me connecter...

Citation :

Est-ce que le cornus a raciné spontanément en décembre grâce au saule ou c'est sa nature?

Je viens de trouver "Multiplication : boutures herbacées en Juin, ou ligneuses en octobre pour les espèces à tiges colorées." (http://perso.wanadoo.fr/les.trois.d/Jardin/haie3.htm, faudra que j'aille regarder le reste du site)

Il semble donc que ce soit au moins en partie lié à la nature même du cornus, même si c'était un peu plus tard. Néanmoins, j'aurais tendence à penser que la présence "d'eau de saule" a sans doute favorisé une pousse rapide des racines.
J'avais l'intention de faire des boutres prélevées en hiver et enterrées jusqu'au printemps (technique qui a surpris certains ailleurs, mais confirmée par les vieux du coin), j'en ferai une partie en laissant tremper 24 h dans de l'eau de saule, et on verra ;-)

Gropoutous, Mameme

Alain

Bonjour Alain,

merci pour l'info, cela va nous faire quelques tests comparatif au printemps, eau de saule, HB-101, super thrive, ....

BàT

J-L

jean-luc a écrit:

Bonjour Alain,

merci pour l'info, cela va nous faire quelques tests comparatif au printemps, eau de saule, HB-101, super thrive, ....

BàT

J-L

;-)

C'est vraiqu'avec tout ça, on n'a que l'embarras du choix. Nos bonsaï seront tellement "boostés" qu'on verra fleurir au printemps des messages du genre "Au secours, mon ficus crève le plafond, et je ne peux plus sortir ma voiture de mon garage, mon ODC fait trop de feuilles !"

Sinon, à midi, ceux qui n'étaient pas dans la mini-serre on un encore bloc de béton dans le pot malgré le soleil, il a fait très froid ici...

Alain

Bonjour a tous,

En effet, j'ai pu faire cette même expérience avec des boutures de Salix babylonica ( saule pleureur ) et je dois dire que l'eau restant, j'en ai fait profiter d'autres arbres et il se porte plus que bien.
J'attends de voir le résultat final...

Affaire à suivre

Monique a écrit:

Pour libérer de l'auxine on utilise aussi des graines d'avoine glissées dans une incision.

On obtient ainsi plus de racines.

Bon à savoit quand on doit refaire un pain racinaire.

Bonsoir à Tous,

Sachant que j'ai dû transpoter d'urgence mon ficus fraîchement ramené de pépinière, je souhaitais savoir si les solutions que vous évoquez pourraient booster sans nuire, la reprise du "petit" ?

Bonsoir Monique,

Le thème de l'incision que tu évoque...
Cette incision est pratiquée où ?

Merci de vos réponses

Bonsoir à Tous,

Sachant que j'ai dû transpoter d'urgence mon ficus fraîchement ramené de pépinière, je souhaitais savoir si les solutions que vous évoquez pourraient booster sans nuire, la reprise du "petit" ?

Bonsoir Monique,

Le thème de l'incision que tu évoque...
Cette incision est pratiquée où ?

Merci de vos réponses[/quote]

Il existe des produits de stimulations racinaire qui contiennent de l'auxine dans leur composition, du type TonusV de la marque Sumo : http://soins.sante.bonsai.free.fr/index2.htm

L'incision se fait là où tu veux voir apparaitre une nouvelle racine.

C'est comme de mettre de l'ail dans un gigot. Tu soulèves l'écorce et tu enfonces la graine.

Monique a écrit:

L'incision se fait là où tu veux voir apparaitre une nouvelle racine.

C'est comme de mettre de l'ail dans un gigot. Tu soulèves l'écorce et tu enfonces la graine.

Etonnant.
Je n'aurais jamais assez d'arbres, ni même de boutures pour essayer tout ça !

C'est vraiment une chouette rubrique ;-)

Alain

Alors, cette méthode devrait marcher à coup sûr pour ajouter une belle racine à droite de mon petit ficus ?

Quelle est la période propice à l'expérience ?

phot prise en mai 2004

Sur le ficus benjamina le grain n'est peut être pas obligatoire, il y a deux mois j'ai gratté au cutter l'écorce jusqu'au latex à 5 endroits autour du collet, et aujourdhui j'ai 5 racines en étoile.

Monique a écrit:

L'incision se fait là où tu veux voir apparaitre une nouvelle racine.

C'est comme de mettre de l'ail dans un gigot. Tu soulèves l'écorce et tu enfonces la graine.

Il existe des produits de stimulations racinaire qui contiennent de l'auxine dans leur composition, du type TonusV de la marque Sumo : http://soins.sante.bonsai.free.fr/index2.htm


Merci à vous deux,
cela confirme ma commande de Tonus V.

Steph a écrit:

Sur le ficus benjamina le grain n'est peut être pas obligatoire, il y a deux mois j'ai gratté au cutter l'écorce jusqu'au latex à 5 endroits autour du collet, et aujourdhui j'ai 5 racines en étoile.

Le mien est un retusa, mais je suppose que le ficus ne fait pas de différence pour faire des racines.

Steph, tu as fait ça il y a 2 mois. Demain c'est 'hiver, est-ce que je peux encore le faire, sachant que mes retusa sont à l'intérieur ?

MC,
Le solstice d'hiver est une excellente nouvelle. Oui, oui. Àpartir de demain, bon le 21, les jours allongent de quelques minutes mais ils allongent. Pour la prochaine lunaison, soit au Nouvel An chinois, la durée de la journée aura ostensiblement évolué pour que nous voyions la différence.

Optimiste ou pessimiste.

Je suis comme Mameme. La fête de la lumière représente pour moi le fait que les jours commencent à allonger. Je sors de ma torpeur vers le 4 janvier.

(oui actuellement je suis en état de torpeur...comment ça on ne dirait pas ? )

MC a écrit:

Le mien est un retusa, mais je suppose que le ficus ne fait pas de différence pour faire des racines.

Steph, tu as fait ça il y a 2 mois. Demain c'est 'hiver, est-ce que je peux encore le faire, sachant que mes retusa sont à l'intérieur ?

Je ne sais pas.
Tout ce que je peux dire, c'est que le ficus c'est "concentré" sur les racines, en effet à part ça, rien d'autre n'a bougé, pas même un bourgeon. C'est seulement la semaine dernière que les bourgeons ont commencé et regrandir.