Deuxième partie: Observer l'arbre

Deuxième partie : Observer l’arbre

La première partie nous a permis de conceptualiser la création des bois morts. En se basant sur une étude de cas concrète, cette deuxième partie va nous aider à visualiser un projet.

Imaginons que nous ayons prélevé cet arbre (c’est un olivier, évidemment !). A priori, il n’a rien d’exceptionnel.

(la photo n'a rien d’exceptionnelle non plus, elle est tirée d'une vidéo que j'ai faite récemment et que je posterai plus tard.)

Il a passé plus près de deux ans dans un pot en plastique. Il possède des rameaux vigoureux et a l’air en très bonne santé. Il est bien stable dans son pot ; nous avons encore au moins 2 mois de période de pousse devant nous. Il est temps d’envisager sa transformation. Mais que faire ? Par quoi commencer ?

Il faut d’abord bien l’observer. L’observation de l’arbre avant la création de bois morts est primordiale. Attaquer l’arbre sans prendre le temps de considérer les caractéristiques de l’arbre, c’est probablement vouer son projet à l’échec car on risque de faire des erreurs irréparables.

Regardons d’abord la base, elle est massive (35 cm environ). Elle est bien étalée et possède 3 points d’ancrage, deux devant, un derrière, qui remontent le tronc comme des muscles sous la peau. Notre regard remonte maintenant le tronc : une légère courbe vers la droite, puis un léger mouvement sur la gauche, un renflement, un autre mouvement à droite, puis un partie raide jusqu’à la coupe. Maintenant regardons bien où sont placés les rameaux : il y a un bouquet à l’exterieur de la premiere courbe à droite, un deuxième derrière et un troisième à l’exterieur de la deuxieme courbe, à gauche. Il n’y a rien à droite au dessus du coude.



Si nous analysons l’arbre du point de vue de ses points forts et ses faiblesses, nous constatons que malgré une belle base et un joli mouvement du premiers tiers du tronc, la partie supérieure de l’arbre est problématique. Il y a un gros défaut de conicité inversée à partir du coude ; cette conicité s’explique par l’existence d’une branche substantielle en face arrière. S’il on veut tirer avantage de la base et du premier tiers du tronc, il va falloir travailler le reste.





La section à travailler est importante car il faut se débarrasser de la conicité et alléger toute la partie supérieure de l’arbre. A ce stade, il est important de repérer les chemins de sève qui alimentent les rameaux. Il ne s’agit pas de les couper. Ce sont les deux grosses veines, de part et autre du tronc. Attention, il y en a une autre derrière, on ne la voit pas ; il ne faut pas l’oublier !



Nous avons bien observé l’arbre ; nous avons délimité notre zone de travail ; il est temps maintenant d’avoir une idée un peu plus précise de notre projet. Pour nous aider dans notre démarche esthétique, il est judicieux de faire un sketch, de façon à avoir un point de départ. Ce croquis, sur papier ou bien virtuel, n’a pas besoin d’être très précis, de grandes lignes suffisent. Nous pourrons ajuster et préciser plus tard.



Nous avons maintenant défini les grandes lignes de notre projet de travail du bois mort de cet arbre. Maintenant, il faut réfléchir à la texture de notre travail. Le bois mort va-t-il être lisse, comme si l’écorce avait séché et était tombée ? Ou au contraire va-t-il être tourmenté, comme si cette portion de l’arbre avait été violement arrachée ? Va-t-il y avoir des cavités, signe de présence parasitaire dans le tronc ? Allons-nous évider la partie supérieure du tronc, comme si la foudre l’avait frappée ? Voulons-nous que le bois mort ait un aspect relativement récent ou, au contraire, préférons-nous qu’il revête l’apparence d’un bois mort rongé par les ans ?

Il nous faut inventer une histoire à cet arbre et, pour cela, revenir au concept d’illusion abordé dans la première partie. Il s’agit de créer une illusion réfléchie qui va non seulement transformer ce moignon d’arbre en une composition artistique, mai qui va aussi pouvoir générer (peut-être pas immédiatement) une émotion, une sensation chez ceux qui vont la regarder. La création de cette histoire est personnelle. Elle dépend de la sensibilité et de l’expérience de chacun. Néanmoins, elle se doit de rester dans le domaine du crédible, même si cette histoire est exagérée, de façon à ce qu’elle puisse être décodée par le spectateur sans trop d’effort de réflexion.

Alors, comment voyez-vous cet arbre ? Qu’en feriez-vous ? Quelle histoire lui inventeriez-vous ? Pour nous aider à préciser notre projet, il va maintenant nous falloir passer en revue les outils qui vont nous permettre de le concrétiser.